Enfant de la mer, ayant grandi à Oostduinkerke, le photographe belge Stephan Vanfleteren est bien sûr familier avec le phénomène des pêcheurs à cheval. Il n’avait pas pris conscience, auparavant, de la tradition exceptionnelle que représente la pêche à cheval. Pendant toutes ces années, il semblait que cette activité avait toujours existé et qu'elle existerait toujours, mais c'est seulement à Oostduinkerke que ce métier ancien et unique est encore pratiqué.
En prenant un peu de recul – à la fois littéralement et figurativement – il a réalisé à quel point c'était exceptionnel. C'est bien plus qu'une simple attraction touristique estivale.
Au cours des dernières années, Vanfleteren a suivi de près l’un des pêcheurs à cheval les plus colorés, dans un style reportage. Aujourd’hui, il ne souhaitait plus se concentrer sur une seule personne, mais sur tous les pêcheurs à cheval d’Oostduinkerke.
La principale différence est qu'il a abandonné l’approche documentaire pour opter pour le portrait pur. Ainsi, ce travail a été complètement épuré, au point que les portraits n’ont pas été réalisés à la mer, mais dans son studio à lumière naturelle à Veurne.
Ce studio, avec sa lumière naturelle traditionnelle et intemporelle, s’avère être parfaitement adapté pour photographier les hommes et les femmes dans leurs vêtements de pêcheurs. Ici, le pêcheur est dépouillé de son environnement et de son arrière-plan, l’attention se concentrant uniquement sur l’individu. Ce faisant, il met en valeur le caractère intemporel du pêcheur à cheval.
Cette approche dans un studio à lumière naturelle est, de plus, une grande tradition en photographie (cf. Irving Penn avec ses Small Trades ou le travail de Norbert Ghisoland dans les mines de La Louvière).
En effet, on ne se rend pas toujours compte que, contrairement à la pêche maritime (et à de nombreux autres métiers et professions), la pêche à cheval est restée pratiquement inchangée. Le pêcheur à cheval d’aujourd’hui fait encore exactement ce que faisait celui d’il y a cinquante ou même cent ans : il va à la plage avec son cheval et ses filets et « broute » la plage à la recherche de crevettes. Ce rituel a à peine changé. Seules les techniques et les filets utilisés ont évolué au fil des années, mais contrairement aux bateaux de pêche en mer, il n’y a pas eu d’innovations technologiques majeures.
Les pêcheurs à cheval forment une catégorie à part, avec un ADN unique, rempli de passion pour la mer et d’amour pour le cheval. Ils font le lien entre le passé et l’avenir.
Avec caractère et profond respect, Vanfleteren a immortalisé ces pêcheurs à cheval, avec l’ambition et la conviction que ces portraits seront encore regardés dans cent ans.
Leur équipement et leurs outils constituent également un élément essentiel de ce témoignage visuel.
En somme, c’était son rêve de créer un document photographique en noir et blanc des praticiens de la pêche à cheval, sélectionnée par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel.
Inclus dans le billet d'entrée du musée.
L'exposition se déroule jusqu'au 4 janvier 2026.